FAIRE LA RUE MICHEL : si le théâtre n'existait pas...
Il y a bien longtemps que les scènes désertées par les cabots de tous poils ne craquent plus que de l'âme des châtaigniers se souvenant d'une lointaine jeunesse périgourdine. Pas l'ombre d'un mouvement ni la moindre intention. Personne. Même les fantômes ont déserté l'Opéra. Les mots se sont tus. Cela n'est pas une raison pour taire le charme d'expressions désormais désuètes.
Cela fait long feu que nos politiques ne font hélas plus la rue Michel.
Au théâtre, quand le metteur en scène utilise l'expression Faire la rue Michel, lors d'une répétition ( protocole antique avant toute représentation ) cela signifie faire l'affaire. Dans le sens courant et pratique on traduira donc par suffire.
Elle est née d'un calembour entre faire le compte et la rue Michel le Comte située dans le Marais. Cette rue n'a pas été choisie au hasard ni pour une question d'assonance : à cette adresse était situé le Théâtre du Marais où jouait notamment Jodelet, grand farceur du XVIIème siècle, membre de la troupe de Molière, Jean-Baptiste (Poquelin) pour les intimes.
Ce théâtre fut le premier, victime en 1634, de l'un de ces terribles incendies qui réduisirent en cendres de nombreux temples dramatiques pendant presque trois siècles.
Contrairement au Phénix hélas, seul le silence jaillit de ses cendres.
Entendons-le...
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