Chères lectrices et chers lecteurs, aujourd'hui je vais vous parler du brigadier voire du rêve de brigadier. Non il ne s'agit pas en ces temps troublés de l'espoir farouche d'un soldat de la nation 1) d'intercepter un fou de quelconque dieu avant qu'il ne commette l'absurde et lâche irréparable, 2) de filer une contredanse à une femme libre se baladant impunément sans la moindre attestation dérogatoire ou simplement 3) de verbaliser ce sauvage conducteur de puissante cylindrée garée sur une place inadaptée. Le brigadier, au théâtre, est ce fameux bâton, traditionnellement orné de velours rouge, frappant de manière nerveuse une douzaine de coups pour interpeller le public puis trois beaucoup plus espacés, la fin d'un S.O.S. pour les morses qui nous lisent depuis la dérivante banquise, trois ultimes coups afin de dire au spectateur : silence, les rideaux s'ouvrent ! The show must go on ! Je rêve de ce brigadier. De cet instant fabuleux ou public et artistes entrent en symbiose, caressent de concert la promesse d'un instant de grâce, de plénitude intellectuelle. J'ai une pensée profonde pour tous mes compagnons de scène à terre, tels des Gavroches mitraillés par la bêtise. Et l'envie plus que jamais de transmettre le goût des mots, l'art de la parole, le plaisir de l'éloquence.
Le brigadier
Dernière mise à jour : 7 déc. 2020
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